L’aventure des glaces

 Par ElenaXLII


igloos410La main à la pâte reçu une belle visite : Philippe Nicolas « enseignant-trappeur », ses complices Mme Marguerite  Loth et M. René Schild, PDG, de l’entreprise KSB. Et un accompagnateur d’exception: Jacques Moreau, scientifique, biologiste, explorateur polaire, …

Ils ont débarqué avec une maquette géante de Gennevilliers, de la glace, beaucoup d’enthousiasme et… leurs projets de « saventure » qu’on aimerait partager…

S’aventurer dans l’apprentissage

Philippe Nicolas est professeur des écoles, il enseigne à l’école Caillebotte de Gennevilliers. Voici comment il décrit son métier:

« Mon projet d’enseignement face à ce constat de séparation de l’enfant et de la Terre s’ancrait et s’ancre encore actuellement sur aimer et faire aimer la Terre, rétablir le lien entre l’élève et la nature. La synthèse de ma pédagogie repose sur un processus en deux étapes: la première : faire qu’il se passe quelque chose entre l’enfant et la nature. La seconde qui découle de la première : faire en sorte que l’apprenant se sente en charge de la vie. 

Dès les premiers mois de mon installation, je proposais aux enfants des écoles maternelles et élémentaires de Villeneuve-la-Garenne des activités en lien direct avec l’environnement sans déroger aux programmes de l’Education nationale. Je compris très tôt qu’il me faillait éveiller mon public à partir de séances que je me devais de construire car ce qui était présenté dans les manuels ce n’était pas ce que je recherchais, je voulais que l’enfant découvre la féérie du vivant. En bref, je voulais que la classe vive une expérience différente de la banlieue comme des sorties en pleine nature qui convoqueraient à posteriori les savoirs des manuels. »

On fait quoi alors?

Philippe Nicolas, lui, prépare des expéditions, des vraies.

Pour une expédition, qui n’est pas juste un voyage, mais un voyage aussi initiatique, il faut se préparer. Vous voulez partir en expédition dans la neige ? Il faudra connaitre l’eau, la glace. Il faudra se fabriquer des moufles, faire son patron, calculer, découper… Il faudra se doter d’un traineau, oui un traineau pour chiens. Apprendre à monter son bivouac, allumer son feu, … rencontrer des experts…

Là on sera prêts à partir, après en avoir appris pas mal sur la résolution de problèmes, les écosystèmes, l’impact de nos actions sur notre environnement, mais aussi sur des contenus « scolaires ». Et les apprentissages ne vont pas se terminer ainsi, car dans la neige on apprend en faisant. Et puis on apprend en rentrant : en faisant le bilan de son voyage.

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image-2-8d97bLe projet des Saventuriers des Glaces a été récompensé par le prix « La main à la pâte » de l’Académie des sciences en 2015.

« Dans le cadre de la sensibilisation au réchauffement climatique et à ses conséquences, une classe de CM1 a décidé de se lancer dans une aventure hors du commun : vivre comme les Inuit pendant une semaine. Les élèves ont fait l’inventaire du matériel nécessaire et ont préparé les plans de ce qu’ils avaient à construire, notamment les tentes, qui ont été réalisés par des élèves de lycée professionnel. Ils ont aussi étudié le mode de vie des inuit et leur culture. Une fois les préparatifs terminés, la classe est partie une semaine au Queyras en plein hiver. Les élèves y ont découvert comment vivre comme les inuit et les activités qu’ils pratiquent. De retour en classe, le travail de scientifique commence : étude de l’élévation de la température, en particulier grâce aux mesures effectuées pendant leur voyage, et de la montée des eaux avec l’aide d’une ingénieur. Les élèves ont eu à coeur de transmettre leurs travaux en réalisant une maquette montrant la montée des eaux, en distribuant des flyers et en organisant un lâché de ballons. Ce projet s’est conclu par la réalisation d’un documentaire mettant en image leur aventure. »

Vous pouvez vous en inspirer en regardant ce documentaire :


École et entreprise : même pas peur

Comment rendre possibles des projets ambitieux au sein de son école, des voyages d’aventure et de découverte ? Philippe Nicolas nous a raconté ses collaborations avec les laboratoires de recherche (le Muséum d’Histoire naturelle par exemple) mais aussi avec une entreprise comme KSB, présente sur Gennevilliers.

Qu’est-ce que le partenariat avec une entreprise apporte à des classes comme celle de Philippe Nicolas, en plus de financements permettant de mener à bien ses projets ? 

L’école est partie d’un territoire, l’entreprise aussi. S’ouvrir réciproquement les portes crée donc une porosité au niveau du territoire et sort l’école de son isolement. Comme cela arrive naturellement quand les portes s’ouvrent entre école et laboratoires de recherche.
Enter dans une entreprise permet aussi aux écoliers, et à leurs enseignants, de découvrir un monde souvent mystérieux, et échanger à propos de pratiques qui ont à faire avec la résolution de problèmes.
Et l’entreprise ? Qu’est-ce qu’elle gagne dans cet échange ? Mme Marguerite Loth et M. René Schild nous ont parlé de la fierté de montrer son travail, de la motivation à aider des jeunes à réussir dans leurs projets.


Encore des aventures

Jacques Moreau était de la partie, chez nous à « lamap ». Mais qui est-il ? Regardez ça et puis on en reparle :

dossier_arctique-3de2fDonc, Jacques Moreau est un scientifique. Il a fait carrière à l’Institut Jacques Monod, en tant que biologiste, chercheur des mécanismes moléculaires du développement. Originaire de Saint-Denis, il décide – une fois la retraite venue – d’y remettre un pied en se mettant à disposition de l’Association Science Ouverte.

« L’association Science Ouverte est née d’un travail de terrain en Seine- Saint-Denis. Elle exerce son action principalement sur ce territoire, ainsi que d’autres en Ile-de-France, socialement défavorisés. Elle s’y fixe comme objectif d’ouvrir les jeunes aux sciences et les sciences aux jeunes, pour lutter contre un sentiment d’impuissance et d’enfermement souvent trop présent. Elle travaille à mettre en place une structure visible et efficace, capable de susciter des vocations scientifiques et d’aider les jeunes qui s’engagent dans cette voie.

Après avoir raconté plusieurs fois ses récits de voyage scientifique, en observation, en Arctique, aux membres et jeunes de l’Association, Jacques Moreau apporte son soutien et son accompagnement à ces jeunes défavorisés, pour lesquels il anime des ateliers autour de l’ADN. Mais il raconte et partage aussi ses histoires d’explorateur polaire… et ceci convainc l’Association à lui confier une nouvelle mission : amener avec lui un « échantillon » de quatre jeunes, après un processus de sélection et de préparation, en terre d’Inglefield. Far far away…

Il ne s’agit pas d’un simple voyage mais d’une exploration, d’un voyage d’initiation et aussi d’un voyage scientifique. Et ceci grâce aux encadrants et au partenariat avec des laboratoires de recherche qui sautent sur l’occasion pour confier aux 4 élèves des tâches de prise de données pour leur propre travail  :

« Sur place, ils récolteront des échantillons « commandés » par des équipes de recherche en parcourant des territoires inexplorés ; à leur retour, seront proposées aux publics des productions, visant à sensibiliser le plus grand nombre à leurs découvertes (réchauffement climatique, sociologie des populations, exploration et vie en groupe…). » (Pour en savoir plus)

Ils l’ont fait, ils sont revenus. invitez-les pour vous raconter leur histoire…


Pour notre part ce que nous avons entendu nous a fascinés.

Nous avons vécu une triple aventure « en dehors de la classe », mais toujours en lien étroit avec l’école. Et nous aimerions un jour en faire partie…


Lisez-moi ça !

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A bientôt sur [Lab]map.
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